Le 12 juillet, c'est Regnault de Chartres, Chancelier du Royaume et Archevêque de Reims, qui écrit à sa bonne ville, où il n'a pas encore fait son entrée, pour annoncer celle-ci et celle du roi.
Quant aux Rémois, à part quelques collaborateurs, comme la famille Cauchon dont sont issus le Lieutenant de Villes Jean et l'Êvêque Pierre, ancien Vidame du Chapitre, devenu Evêque de Beauvais qui avait encore présidé la procession de la Fête-Dieu, le 28 mai et qui devait être à la tête du Tribunal de Rouen, ou cet autre chanoine à qui l'on fit procès pour trahison, il semble bien qu'ils aient subi l'occupation d'une manière passive.
Un contemporain affirmait que "la fleur de lys demeurait en bien des cœurs".
Dans le même temps, à Reims, les registres des Conclusions du Conseil de Ville s'arrêtent brusquement au début du compte-rendu de la séance du 12 juillet, après un bref intervalle ils reprennent à la date du 12 août. Lors de leur fuite par la Porte de Mars, les anglais et leurs partisans ne peuvent même pas emporter la sainte Ampoule. La ville se voit libérée des ennemis…
Le samedi 16 juillet, vers quatre heures de l'après-midi, la troupe royale se présente à la porte Dieu-Lumière, qui, depuis 1359, remplace la porte de Saint Nicaise murée et qui est une véritable petite forteresse. Les notables et les habitants sont partis à la rencontre du Dauphin et de Jeanne. Les clefs de la ville sont présentées au futur Roi. Reims devient une percée française dans un territoire occupé par les Bourguignons…
La Libération se fait sans effusion de sang, sans représailles et dans la plus grande joie…
Le cortège traverse la ville et " Jehanne fut moult regardée de tous ". Le Dauphin réside dans le Palais de L'Archevêque près de la Cathédrale. Le père de Jeanne et ses amis sont logés en face dans l'hôtellerie de " l'Ane rayé "…
Le sacre a lieu un dimanche. Les préparatifs sont aussi poussés qu'improvisés et au matin tout est prêt. " Ce fut un cas merveilleux, ajoute un chroniqueur, car on trouva dans la cité les choses nécessaires qui sont grandes et ne pouvait-on avoir celles qui sont gardées à Saint Denys en France "…
Commencée à 9 h, du matin, la solennité suit les rites accoutumés et n'est terminée qu'à deux heures de l'après-midi. C'est dans la cathédrale que Charles VII est sacré. A l'extérieur, la place est beaucoup plus resserrée avec toutes les façades de bois et les tours du grand portail ne sont pas terminées. A l'intérieur, Colard de Givry a fini le jubé et la clôture du chœur qui doit être recouverte de tapisseries…
…Il est 9 h, tous les participants et les assistants sont rassemblés dans l'église, chacun à sa place, selon son rang ou sa fonction. C'est Regnault de Chartres, archevêque de Reims, premier pair de France, chancelier du Royaume,… qui préside la cérémonie. En grande procession, deux pairs ecclésiastiques vont chercher le futur roi en son palais royal. Et l'on attend.
Très tôt, le roi avait envoyé quatre seigneurs de sa suite, le maréchal de Bossac, les Seigneurs de Rays et de Grandville et l'amiral de Culan, pour escorter et protéger la Sainte Ampoule. Les seigneurs se portant garants par serment du bon retour de la relique, portaient le nom d'otages de la sainte Ampoule.
Accompagnée de tous les moines de Saint Rémi et de Saint Nicaise et de ses quatre gardiens, portée par Jean Canart, abbé du-dit Saint Remi sous un dais soutenu par quatre religieux, la sainte Ampoule est accueillie à la cathédrale avec tous les honneurs liturgiques…