Longtemps cantonnés dans le rôle de livreurs de raisins au négoce, leurs champagnes représentent aujourd'hui plus de 22% de part de marché.
"Au vigneron le raisin, au négociant la bouteille". Longtemps le vieil adage champenois a régi les rapports entre ceux qui cultivaient la vigne et ceux qui élaboraient le vin effervescent. Mais comme la maxime n'était assortie d'aucun interdit, il y eut dès le début du XIXe siècle quelques vignerons précurseurs (dont Edmond Barnaut).
Récoltants, ils se firent aussi manipulants, un mot barbare qui n'existe qu'en dialecte champenois et qui désigne les producteurs de champagne qui assurent eux-mêmes son élaboration. Au début des années 30, leur nombre s'accrut sensiblement en raison de la crise économique, mais comme le RM (récoltant-manipulant, puisque tel est le nom du vigneron élaborateur à partir de ses seuls raisins) doit aussi commercialiser sa production, les volumes restèrent modestes.
A la veille de la guerre, il se vendait moins de 2 millions de bouteilles et il fallut attendre encore une douzaine d'années pour voir les vignerons imposer réellement leur présence sur les marchés.
Aujourd'hui, ils sont plus de 4 700 (sur un total de 17 000 exploitants) à élaborer des champagnes à leur nom. L'an dernier (2011), ils ont expédié 71,5 millions de bouteilles, ce qui représente plus de 22% de parts de marché et les place ainsi en 2e position derrière les négociants et devant les coopératives. Avec 91 % des volumes, c'est la France qui est le plus gros consommateur de ces champagnes que l'on va souvent acheter sur place. C'est le champagne des "bords de route", une expression qui n'a rien de péjoratif mais qui symbolise l'attachement des consommateurs à ces vins familiaux. Même si les ventes à l'étranger sont faibles, faute de dispositifs à la hauteur sur les lieux, il se commercialise néanmoins 4 millions de bouteilles en Europe et plus de 2 millions dans les lointains pays tiers où la présence des champagnes de petits producteurs s'est accrue l'an dernier de près de 11 %.
En savoir plus :
http://avis-vin.lefigaro.fr/connaitre-deguster/o30579-la-nouvelle-vocation-des-vignerons-champenois#ixzz1uT9hnJE8